Kerak la capitale du Sud de la Jordanie
Kerak, capitale officieuse du sud de la Jordanie, se trouve toujours en grande partie dans les murs de l’époque des Croisés au sommet d’une colline et possède l’un des châteaux croisés les mieux conservés du Moyen-Orient. A environ 125 km au sud d’Amman, à mi-chemin entre la capitale et Petra, c’est aussi un endroit naturel pour une pause lors d’un voyage entre le Nord et le Sud. Malheureusement, Les infrastructures touristiques sont très limitées avec des hôtels très moyens. Ce qui en fait un lieux de visite du château uniquement, les nuitées les plus proches seront à Madaba au nord, et Dana ou Petra au sud.
Perché à la limite sud du centre-ville, le château de Kerak est le premier, et le plus impressionnant, monument visible du Sud de la Jordanie. L’accès se fait derrière le complexe Castle Plaza, à travers une passerelle en bois enjambant les douves. Le château a sept niveaux, certains enfouis profondément à l’intérieur de la colline, et la meilleure façon de l’explorer est de prendre une torche et tout simplement laisser votre curiosité vous guider : il est tout à fait possible de passer deux ou trois heures à découvrir les salles sombres et les passages voûtés.
Brève histoire
La colline sur laquelle se trouve Kerak est présente à la fois dans l’Ancien Testament et sur la carte en mosaïque byzantine de Madaba comme un bastion défensif naturel. Les Croisés ont commencé à construire une forteresse au sommet de la colline en 1142.
Les Croisés à Kerak
La construction du château a été initiée par les chevaliers de la Première Croisade, mais sa chute éventuelle est inextricablement liée à Renaud de Châtillon, un guerrier impitoyable qui est arrivé en terre Sainte en 1147 pendant la deuxième croisade. Renaud était à la fois vicieux et sans scrupules, et c’est spécifiquement pour se venger sa trahison que le commandant musulman, Saladin, a lancé une campagne pour expulser les envahisseurs étrangers.
En 1177, Renaud de Châtillon épousa Stéphanie, veuve du Seigneur d’Outre-Jourdain. En toute sécurité à Kerak, il a commencé un règne caractérisé par une cruauté insouciante : il est allé jusqu’à jeter des prisonniers des murs du château, avec leurs têtes encastrés dans des boîtes, dans l’espoir que cela les empêcherait de perdre conscience avant qu’ils ne frappent les rochers.
En 1180, il a attaqué une caravane à destination de la Mecque sur la route des rois en violation d’une trêve avec Saladin. Ce dernier a été forcé d’avaler sa colère jusqu’à ce qu’un moment approprié pour se venger.
En 1183, le mariage de l’héritier de Renaud de Châtillon a été célébré dans les murs du château de Kerak au moment même où Saladin et son armée, avait déjà envahi la ville. Kerak a résisté à ce siège, mais à la bataille de Hattin en 1187, les Croisés, entravés par l’incompétence stratégique de Renaud et ses lieutenants, ont été vaincus. La garnison des Croisés assiégée à Kerak a tenu pendant des mois, ils ont même vendu leurs femmes et leurs enfants en échange de nourriture, et recouraient à manger des chevaux et des chiens, mais la capitulation était inévitable. Kerak capitule en novembre 1188. Saladin a épargné tous les seigneurs croisés, à l’exception de Renaud, qu’il décapita personnellement.
Kerak après les Croisés
Avec les Européens partis, Ayyubid et Mamluke ont occupé le château reconstruit et renforcé.
Sous le règne des Ottomans, l’anarchie était la règle plutôt que l’exception. Lors d’une rébellion en 1879, les chrétiens keraki abandonnèrent leur ville, se déplaçant vers le nord pour s’installer dans les ruines de l’ancienne Madaba. Les soldats ne réimposèrent l’ordre qu’en 1894, mais les familles régnantes de Kerak, dont le clan Majali, demeurèrent incontrôlées.
En 1908, l’armée venant de Damas prend d’assaut les bâtiments gouvernementaux de Kerak, forçant la garnison ottomane à se réfugier dans le château. Après huit jours, les troupes arrivées de Damas, ont exécuté publiquement les chefs rebelles et déclaré hors-la-loi les Majalis. Même aujourd’hui, Kerak conserve une réputation d’activisme politique, mais ironiquement les Majalis sont maintenant au cœur de l’establishment jordanien, en tant que fonctionnaires du gouvernement.
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